8 mai sous confinement.
La cérémonie.
Lorsque les participants ont chanté La Marseillaise, on pouvait voir dans cette célébration une analogie - bien relative, certes - entre ce que nous vivons actuellement et cette victoire passée qui a coûté tant de sang et de larmes. Nous qui sommes encore dans cette "résilience" pour laquelle nous formons tant d'espoirs.
C'est ainsi que l'a présenté Gérard Caubet, président de l'Amicale des Anciens Combattants en retraçant les grandes lignes, puis l'appel aux trois morts de ce conflit : Jean Lafuste, Joseph Peboscq-Per, Jean-Romain Lanette-Vergez. Claude Borde-Baylacq a déposé la gerbe au pied du Monument, avant de donner lecture du message du président de la République, Emmanuel Macron. Et au travers des personnes présentes, adresser un message de bonne volonté à tous les habitants du village.
Merci à tous les participants, au porte-drapeau, Marcel Cassou(et Jean-Claude Hortoulou), les membres du Conseil Municipal et ceux présents de l'Amicale.
Gérard Caubet a terminé par cette citation de George SAND : "L'oubli est le vrai linceul des morts".
(La qualité de cette vidéo a été perturbée par le bruit du vent. Dans un premier temps, c'est la Marseillaise. Ensuite c'est l'intervention de Claude Borde-Baylacq, mais on n'entend pas grand chose. Désolé!)
Cela n'enlèvera rien à cette manifestation de la reconnaissance à laquelle est attachée la majeure partie de notre communauté. Les personnes présentes seront représentatives de cet hommage, dans cette volonté de préserver un devoir de mémoire qui s'est toujours traduit par la présence fournie de participants et des enfants de l'école.
Il m'a été demandé de mettre sur ce blog les documents qui m'avaient été confiés par les personnes de Nousty ayant pris part aux combats du Corps Franc Pommiès. Une rue de notre village en porte le nom. Beaucoup de gens la parcourent sans en connaître la vraie histoire.
Peut-être une bonne occasion de leur raconter.
Témoignage de Jean SARTHOU
CFP 1/4
Témoignage d'André CAZENAVE-TAPIE
CFP 2/4
Témoignage de Rémi KIEBEL
CFP 3/4
Témoignage de François BARTHE
CFP 4/4
Les Cahiers du Patrimoine en Ribère-Ousse ont publié dans l'édition 2018, sous la signature de son président : Noël Paradis-Cami, le récit complet de l'embuscade dite "du Bistor". Nous vous la reproduisons.
L’Embuscade
du Bistor :
Comme nous l’avons vu plus haut, ce jour-là, le jeudi 8 juin
1944 jour de la fête Dieu, au petit matin, avant 6 heures, sur la nationale
117, à la sortie de Soumoulou, direction de Tarbes (4), juste avant la maison
Barrau, un groupe de résistants noustysiens (5), commandé par
l’adjudant Clavier, tend un câble en travers de la route (6), ce câble provient de
l’entreprise l’Ocel de Nousty (mine de lignite) où des jeunes du maquis
travaillent. Ils se mettent en embuscade sur le côté de la route (7), leur armement n’est
pas important, six ou sept mitraillettes Sten ainsi qu’un fusil mitrailleur.
Trois jeunes résistants étaient restés dans un bosquet pour surveiller les
affaires de ceux qui étaient en embuscade. La hantise de ces résistants, était
les mitrailleuses qui se cachaient à l’arrière des camions, sous la bâche de
ces derniers. A noter que le convoi, n’était pas composé de plus de 5 camions (8) et que André Cazenave
Tapie, était parti à la rencontre d’un militaire de Luquet, cousin éloigné, qui
travaillait à Tarbes avec lui, avec lequel il avait rendez-vous. Il voulait
assister à l’embuscade, à peine arrivé à la hauteur de l’actuel relais de
Tuhette et après avoir salué son cousin, vers 6 heures, ils entendent une
fusillade, ils décident de se séparer, André redescend vers le bas de la côte
rejoindre ses camarades en se fondant dans la nature. Tout à coup dans un champ
de fougères, il se trouve nez à nez avec un Allemand qui le met en joue,
aussitôt il plonge dans un fossé esquivant ainsi le coup de feu, au même moment
le crépitement d’une mitrailleuse retentit, et les fougères tout autour d’André
sont hachées et volent en éclats, toujours protégé par le fossé, il sort des
fougères en rampant aussi vite qu’il le peut. Il rejoint ses trois camarades en
faction et aussitôt, s’éloignent vers le haut et vont rejoindre à vélo le reste
de la section au PC d’Espéchède. Ils apprennent là que l’accrochage avait été
de courte durée et qu’ils avaient peu tiré sur les forces ennemies, d’ailleurs
ce qui restait de munition dans le chargeur du FM en témoignait.
Pendant ce temps, la réaction des troupes d’occupation (9), ne se fait pas
attendre, les soldats Allemands qui ont 3 ou 4 blessés légers (un officier et 2
ou 3 soldats) (10), fouillent le secteur et arrêtent les
habitants du proche voisinage. Sont ainsi arrêtés, le gendarme Pierre Levrey,
la famille Barrau, Justin et Joseph Abbadie-Sarthou. Les Allemands à ce
moment-là sont assez excités, ils fouillent, pillent, incendient et tirent des
coups de feu en l’air, la maison de la famille Barrau est la proie des flammes
et part ainsi en fumée. Un officier ayant reconnu la qualité du gendarme Pierre
Levrey, le libère et le laisse repartir. Ce dernier après avoir revêtu sa
tenue, part immédiatement à la caserne de gendarmerie de Soumoulou pour
prévenir ses collègues. Dès qu’ils sont avertis, l’adjudant Carrère, les
gendarmes Pierre Pucheu et Pierre Levrey, se rendent sur les lieux où ils
découvrent la maison Barrau en feu. Les dits Abbadie-Sarthou qui clamaient leur
innocence, avaient été conduits à l’officier Allemand, l’adjudant de
gendarmerie Carrère ayant certifié leur bonne foi, ils furent immédiatement
relâchés.
D’autres soldats allemands continuent la traque dans les
alentours, 3 pénètrent alors dans la maison Grangé de Limendous, la maison
Grangé se trouve située sur le territoire de Limendous et à environ 500 mètres
à l’est de la RN 117 en haut de la côte et en plein bois, isolée de toutes
habitations de 300 mètres environ. Alors que Pierre Paul Grangé le chef de
famille, blessé de 14/18 est en train d’allumer le feu dans la cheminée, il est
abattu d’une rafale de mitraillette à bout portant, avant qu’il n’ait pu
esquisser un geste. Le fils cadet, Joseph, âgé de 19 ans, se trouvait à l’étage,
entendant la fusillade, essaya de s’échapper en sautant par la fenêtre, lui
aussi fut abattu d’une rafale de mitraillette. Les 3 soldats Allemands, clamèrent
qu’ils venaient d’abattre deux terroristes. Informés, les gendarmes se sont
rendus au domicile des Grangé et ont constaté que dans la cuisine de la maison
gisait le corps du chef de famille ; dans un fossé bordant la maison, ils ont découvert
le corps du fils tué également par une rafale de mitraillette. Aucun autre
corps n’ayant été découvert, il était à croire que les terroristes tués par les
Allemands étaient ces deux cultivateurs. À l’intérieur de la maison ils avaient
constaté qu’un désordre général régnait et que tous les meubles avaient été
fouillés.
Les gendarmes Pucheu et Levrey étaient restés sur les lieux, le
commandant de brigade a aussitôt informé notre commandant de section de ces
nouveaux faits et demandé la conduite à tenir vis-à-vis des victimes.
Un détachement allemand s’est de nouveau rendu sur les lieux
dans la soirée et a effectué de nouvelles recherches. Le nommé Mariette Jean
âgé de 33 ans, charron à Espoey a été arrêté par les Allemands, pour être
interrogé à Pau ainsi que Véron-Durand Jean âgé de 32 ans manœuvre à Pontacq. D’autres personnes qui se trouvaient dans
l’autobus Tarbes-Pau auraient également été arrêtées ; leurs noms et
adresses sont inconnus.
Il a été dit et écrit beaucoup de contrevérités sur cette
affaire, et notamment que deux officiers Allemands avaient été tués, hormis le
père et le fils Grangé, il n’y eut pas d’autres victimes.
Un officier eut une éraflure à la jambe, il fut soigné par le
docteur Blanc à Soumoulou. Le docteur Blanc qui parlait l’allemand, a raconté
que l’officier lui avait dit que s’il avait été tué, ils auraient fusillé trois
otages dans chacune des trois proches communes du lieu de l’embuscade (Espoey,
Limendous et Soumoulou).
|
Notes :
1) Jean Sarthou, était à l’origine, avec André Cazenave-Tapie, au
travers de l’organisation de l’association "Nousty-Sport", de la
création de ce groupe de jeunes Résistants. Il fut maire de Nousty de 1971 à
1984.
2) La grange du Bourrouillat, était située en limite de Nousty et de
Gomer, elle appartenait à M. Lagarrue, c’était l’endroit idéal éloigné de toute
habitations qu’avait trouvé les jeunes résistants noustysiens pour se réunir et
y entreposer leur matériel.
3) Le fort du Pourtalet, sera libéré le 24 août 1944 par les Résistants aspois avec
à leur tête l’instituteur Jean Dutech, et les Guerilleros espagnols.
4) Les 3 communes limitrophes les plus proches
du lieu de l’embuscade, étaient les communes d’Espoey, de Limendous et de Soumoulou).
5) Par
la suite ce groupe prendra le nom de compagnie "Renard".
6) Le câble d’un cm de diamètre, avait été fixé à un premier arbre
côté droit de la route dans le sens Soumoulou/Tarbes, puis passé en tour mort à
un autre arbre de l’autre côté de la route (côté gauche), et enfin fixé sur l’arbre
suivant, toujours côté droit, il formait ainsi un V.
7) A
cette époque, la N° 117, comme beaucoup de routes de l’époque, était bordée de
platanes.
8) Dans
CR de la brigade de gendarmerie de Soumoulou.
9) Nous ne savons pas à quelle unité appartenait se détachement de
militaires Allemands, le CR de gendarmerie n’en fait pas état, le seul indice
qui permettrait peut-être de les identifier, se trouve à la page 231 de
l’ouvrage de Louis Poullenot, "Basses-Pyrénées Occupation Libération
1940–1945" il les identifie comme des véhicules appartenant à l’Aviation L
52 511 venant de Pau.
10) Dans
CR de la brigade de gendarmerie de Soumoulou.
Section
RENARD (1944 - 2ème section)
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|||||||||
Nom
|
Prénom
|
Localité
|
Nom
|
Prénom
|
Grade
|
Localité
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1
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LACROUTS
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13
|
SOUMIERE-LARTIGUE
|
Gelos
|
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2
|
KIEBEL
|
Adolphe
|
Nousty
|
14
|
HERRERE
|
Gelos
|
|||
3
|
PEBOSCQ
|
Pierre
|
Nousty
|
15
|
|||||
4
|
SARTHOU
|
Jean
|
Nousty
|
16
|
BEKER
|
Jean
|
Nousty
|
||
5
|
LAULERAY
|
17
|
BREAND
|
Adjudant
|
|||||
6
|
BOUILLE
|
Marc
|
Nousty
|
18
|
TOURON
|
Lieutenant
|
|||
7
|
CAZENAVE-TAPIE
|
André
|
Nousty
|
19
|
POLO (polonais?)
|
||||
8
|
LAVIGNE
|
20
|
GALTIER
d'AURILLAC
|
||||||
9
|
WELISEKER
|
Emile
? Lucien ?
|
Andoins
|
21
|
|||||
10
|
LAULERET
|
Gelos
|
22
|
DEOGRATIAS
|
Gelos
|
||||
11
|
BAUNABEL
|
Gelos
|
23
|
||||||
12
|
KIEBEL
|
Rémy
|
Nousty
|
L’oubli est le vrai linceul des morts
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