11 novembre 2021.
Notre commune a renoué avec le déroulé des cérémonies commémoratives d'avant, ce pour la plus grande satisfaction de Gérard Caubet, président de l'Amicale des ACPG et du maire, Claude Borde-Baylacq.
En accueillant les habitants de Nousty venus nombreux rendre hommage aux morts de la Grande Guerre, Gérard Caubet retrace les grandes lignes d'un conflit qui a endeuillé jusqu'au plus profond des familles de notre village.
En présence de membres de l'amicale des ACPG, les enfants de l'école ont lu une lettre d'un fils de Nousty adressée à sa sœur et qui donne une bien faible idée de ce que fut la vie des tranchées. Claude Borde-Baylacq a donné lecture du document officiel avant de déposer une gerbe au Monument aux Morts avec Maeva et Hugo, élus du Conseil Municipal des Jeunes.
La sonnerie aux Morts a été interprétée à la trompette par Marc Lacoste-Séris avant que les enfants chantent la Marseillaise, sous la conduite de leurs maîtresses, Mmes. Betbèze et Bessoat.
C'est un hommage de la population du village à ces combattants disparus qui a été rendue en ce jour.
Avec une touche particulière qui a donné à ces moments vécus en communauté une force identitaire.
En effet, nous avons intronisé dans son rôle de porte-drapeau, le deuxième jeune qui nous avait été recommandé par Marie-Cécile Courades. Il s'appelle Peyo Gratia et est élève au lycée Saint-Cricq, à Pau. Comme Joseph, lui aussi a un projet de vie puisqu'il se destine à des études de médecine. Quoi d'étonnant alors qu'il ait répondu de la même manière à l'engagement dans un service de reconnaissance national et patriotique. Il était entouré de ses parents, Laure et Frédéric, qui ont ainsi accompagné et pris part à sa démarche.
Peyo et Joseph font honneur à notre village et la fierté qu'ils apportent est reconnue et enviée dans les municipalités voisines.
Remerciements :
- à toute la population du village qui répond toujours présent (quand c'est possible) à toutes ces cérémonies
- aux membres de l'amicale des anciens combattants qui sont désormais dépositaires de ce devoir de mémoire
- aux enfants de l'école et surtout à leurs maitresses, Mmes. Betbèze, directrice, et Bessoat
- à Marc Lacoste-Séris, qui rehausse de son art les cérémonies officielles
- à Marie-Cécile Courades, pour son action en faveur de cette amicale, que ce soit pour le recrutement des deux jeunes porte-drapeaux ou pour les diverses expositions commémoratives.
(Une exposition sera proposée lors du 8 mai prochain afin de marquer les 60 ans de la fin de la guerre d'Algérie)
- à Joseph et Peyo
- à Didier Miegebielle qui assure toujours la mise en place du lieu
Un vin d'honneur a réuni tous les participants pour les remercier de leur présence et saluer le retour de ces commémorations.
Lettre
de Jean LACAZE,
mort
pour la France, disparu le 23/05/1916 à Douaumont (Meuse)
le
27-10-1915
Chère
sœur
Je
viens de recevoir ta lettre à l'instant, je m'empresse d'y répondre,
hier j'avais écrit une carte à ton adresse, les souris l'ont mangée
pour souper. Nous ne pouvons rien laisser à découvert, autrement
elles commencent tout, à part les cartouches qu'elles veulent bien
laisser pour les boches. Nous avons deux chats mais on leur donne
trop de quoi manger, ils ne veulent pas chasser. En ce moment je suis
aux tranchées jusqu'à demain soir, nous avons 24 heures à nous
reposer dans les cagnas et 24 heures en sentinelle.
Le
jour ça va encore assez bien, il ne fait pas trop froid et il ne
faut pas autant de veilleurs mais la nuit, à rester 12 heures à la
même place, toujours regarder au même endroit, c'est pas ce qu'il y
a de plus gai.
Enfin
puisqu'il faut le faire, il n'y a qu'à s'y résigner, En ce moment
on fait des cheminées dans les cagnas, on a du bois à volonté, le
plus embêtant c'est la fumée qui nous vaut quelques obus de plus.
Est
ce que le maïs a été bon cette année ? A-t-on commencé à
semer du blé ?
Donne
moi beaucoup de détails, ce qui te paraît insignifiant à toi
m’intéresse beaucoup à moi, aussi fais moi de longues lettres, ça
me fera bien plaisir, on pense assez aux boches, pendant que je lis
tes lettres, je ne pense pas que je suis si éloigné de vous tous.
Ces
jours-ci, je vais envoyer les deux bagues ainsi qu'une pour Marie. En
même temps que ta lettre j'en ai reçu une de Lagrange, il n'est pas
trop malheureux à ce qu'il paraît, exempt de tout service, il n'a
pas trop à se plaindre, malheureusement j'ai peur qu'il ne reparte
pas au même secteur, ici les blessés font ce qu'ils peuvent pour
rester à l’intérieur de la zone, s'ils vont au dépôt, ils partent en Serbie où dans quelques autres
mauvais secteurs.
Est
ce que le mauvais temps continue au pays ? Ici il est assez
variable, tous les jours on a du brouillard jusqu'à midi. Je te
remercie d'avance du tricot, il ne va pas être de trop maintenant,
je ne saurais jamais assez vous compenser toutes les dépenses que
vous faites pour moi,
Ton
frère qui vous embrasse bien fort tous
J.
Jacaze
*
cagnas : abri dans une tranchée
