Suzanne Cazenave-Tapie.
Suzanne fait partie de ces mamans qui ont vu trois générations leur succéder. A l'heure où la sérénité est devenue sa compagne de vie, elle a vu chaque fois son parcours terrestre se dérouler au travers des pas hésitants, puis plus assurés, de ceux qui marchent à sa suite. Qu'elle a accompagnés en leur donnant la main , après les avoir serrés sur son cœur, avec ce regard attentif de tous les instants.
On ne dira jamais assez combien fut méritante la vie de ces épouses d'agriculteurs et Suzanne y a pris sa place avec courage et persévérance dans la conduite des durs travaux des champs, de la conduite d'une ferme et de l'éducation des enfants. Pourtant rien ne l'y prédisposait. Dans la vie du village, elle occupa une place particulière par le rôle qu'elle a su jouer dans un contexte économique et social bien troublé, quand il fallut suppléer aux absences familiales pour assurer la continuité économique de la communauté noustysienne. Pour l'anecdote, elle restera aussi la première victime des sports d'hiver locaux dans la petite station naturelle voisine.
Chaque fois que la maladie voulait lui faire payer les efforts passés, son courage lui répondait toujours avec sa vivacité d'esprit répétant que sa personne devait passer après les autres.
A travers les hommages qui lui ont été rendus, c'est une vie de labeur qui a été ainsi magnifiée et honorée à sa vraie mesure. La valeur que, elle, Suzanne, avait su lui donner.
On ne dira jamais assez combien fut méritante la vie de ces épouses d'agriculteurs et Suzanne y a pris sa place avec courage et persévérance dans la conduite des durs travaux des champs, de la conduite d'une ferme et de l'éducation des enfants. Pourtant rien ne l'y prédisposait. Dans la vie du village, elle occupa une place particulière par le rôle qu'elle a su jouer dans un contexte économique et social bien troublé, quand il fallut suppléer aux absences familiales pour assurer la continuité économique de la communauté noustysienne. Pour l'anecdote, elle restera aussi la première victime des sports d'hiver locaux dans la petite station naturelle voisine.
Chaque fois que la maladie voulait lui faire payer les efforts passés, son courage lui répondait toujours avec sa vivacité d'esprit répétant que sa personne devait passer après les autres.
A travers les hommages qui lui ont été rendus, c'est une vie de labeur qui a été ainsi magnifiée et honorée à sa vraie mesure. La valeur que, elle, Suzanne, avait su lui donner.
Texte lu par Monique lors des obsèques.
Hommage maman 29
septembre 2018
Suzanne Cassou-Noguès,
épouse Cazenave-Tapie, maman, mamie, mamipatou, mamichat, marraine,
tu ne répondras plus et ton fauteuil restera vide après 94 ans
d'une vie bien remplie.
Née à la maison
Lafuste, de Pierre Cassou-Noguès et Georgette Lafuste, tu as eu 2
frères, Fernand parti à 4 mois et Marcel ici présent. Le
certificat d'études obtenu, tu aidais au café-épicerie et quand
pendant la guerre ton oncle Georges partit en captivité en
Allemagne, tu distribuais le courrier à sa place avec ton
grand-père. On pouvait te voir, comme Paulette que chantait Montand
sur les chemins à bicyclette, cheveux roux au vent et jupe légère.
Puis un beau jeune homme
aux yeux bleus, moins sage que toi, a su te séduire, on l'appelait
Pierrot Tapie. En 47, vous vous êtes mariés le même jour que ton
oncle Georges avec Mado, tout Nousty était en fête ! Devenue
Suzanne Cazenave-Tapie, et après un voyage de noce parisien offert
par ton parrain Julien, tu as découvert très vite la rude vie d'une
femme de paysan à laquelle tu n'étais pas préparée physiquement.
Je me souviens des
printemps où tu pourgais les maïs avec papa, (cad arracher les
mauvaises herbes) courbés tous les deux sur les rangées sans fin.
Je me souviens de ces
étés chauds où fourche à la main tu fanais, apigatais (cad faire
des tas de foin) puis montais sur le char pour placer le foin, bien
sûr sans pantalon ni crème solaire, ce qui t'a valu plus tard un
cancer de peau.
Je me souviens du
ramassage des patates, travail ingrat de seaux à remplir, à porter
jusqu'au tombereau et ce pendant plusieurs jours.
Je me souviens des hivers
très froids où comme tous les jours, dés 6 heures du matin tu
trayais les vaches à la main puis plus tard avec les machines.
Je me souviens t'avoir vu
porter des seaux trop lourds pour toi pour nourrir les cochons ou
pour gaver oies et canards destinés aux confits.
Je me souviens aussi des
heures harassantes passées à faire la lessive à la main, de ces
brouettes pleines de draps à charrier jusqu'au lavoir du village
quand celui de la maison ne retenait pas assez d'eau. Il fallait te
voir en haut d'une échelle racler la suie incrustée sur les
plafonds depuis des décennies. La maison devait être impeccable !
Le soir après le repas,
toujours quelque chose à faire, trier les haricots ou tricoter
jacquards et torsades, jusqu'à ce que tes doigts abimés par les
rhumatismes refusent d'aller plus loin.
Tu n'as pas connu le mot
vacances mais à la retraite, tu as eu enfin la joie de partir un
peu avec papa, motivés par les déplacements de Bernard, à Paris et
même au Maroc (en 97)
Après le départ de papa
en 2002, tu as su te relever, continuer à t'occuper des fleurs, de
la volaille, du jardin, de la cuisine.
Dotée d'une énergie et
d'une volonté impressionnantes, tu as survécu à un cancer, à une
tuberculose, à de multiples fractures invalidantes, à un AVC le
jour de tes 90 ans fêté au restaurant avec toute la famille. En
toutes circonstances tu as gardé ta dignité, un exemple pour nous
tous.
Ton esprit toujours vif
et ta langue bien pendue malgré les difficultés d'élocution liées
à l'AVC généraient des mots parfois cinglants pour des mauvaises
herbes dans les massifs, une viande trop cuite, un vêtement mal
coupé...et quand je t'en faisais la remarque, tu me répondais "Je
n'ai plus que ça à faire".
Clouée sur ton fauteuil
près de la cheminée, et ne pouvant plus lire depuis 4 ans "tu
attendais"; de plus en plus préoccupée par les uns et les
autres. Heureusement, France bleue Béarn diffusait souvent des
chansons de Johnny dont tu devais être la groupie la plus âgée ...
Tu as pu rester à la
maison malgré ton handicap grâce à l'engagement et au dévouement
sans faille d'Alain et de Simone que je ne remercierai jamais assez
pour tout ce qu'ils ont fait et supporté sans avoir la possibilité
de prendre des loisirs ensemble et ce depuis de nombreuses années.
Les visites régulières
de Bernard et Marcel égayaient tes matinées et moi, exilée à
Toulouse, je venais dès que possible renforcer les troupes.
Un grand remerciement à
l'équipe médicale qui a réussi à adoucir ta souffrance de
personne dépendante dans un climat détendu :
- Roseline et Christophe, infirmiers
- Pierre et ses associés, kinés
- Anaïs, orthophoniste
Merci aux aides à
domicile, Béatrice et Lucette qui prenaient le temps de discuter
avec toi et à Mme Labiste qui te coiffait chaque mois et te faisait
passer un bon moment.
Notre reconnaissance à
Dominique qui venait te porter la communion depuis que tu ne pouvais
plus aller à la messe.
Merci Suzanne de nous
avoir accompagnés aussi longtemps pour partager nos joies et pour
nous avoir soutenus dans nos difficultés en oubliant les tiennes.
Tu me disais souvent "Moi
raï", cad je passe après vous.
Au nom de toute la
famille, je tiens à remercier chaleureusement tous ceux et celles
qui sont là aujourd'hui pour lui rendre un dernier hommage.
Décès 26
septembre 2018 Hôpital de Pau
Service neurologie
AVC massif
Texte initial rédigé par Monique.
Hommage maman 29
septembre 2018
Suzanne Cassou-Noguès,
épouse Cazenave-Tapie, maman, mamie, mamichat, marraine, tu ne
répondras plus à tous ces noms et ton fauteuil restera vide après
94 ans d'une vie bien remplie.
Tu es partie discrètement
mercredi 26 septembre.
Enfant de l'amour de
Pierre Cassou-Noguès 22 ans et Georgette Lafuste 18 ans, tu as eu 2
frères, Fernand parti à 4 mois et Marcel ici présent.
Née à la maison
Lafuste, café-épicerie, tu as fréquenté l'école communale avec
tes voisins, Ricou Fréchou, Madeleine Castagnet, Marie Laban. Le
certificat d'études obtenu, tu aidais à l'épicerie et quand
pendant la guerre ton oncle Georges partit en captivité en
Allemagne, tu distribuais le courrier à sa place avec ton
grand-père. On pouvait te voir, comme Paulette que chantait Montand
sur les chemins à bicyclette, cheveux roux au vent et jupe légère
jusqu'à cette mauvaise chute en luge sur les pentes enneigées d'un
champ Lagarrue qui s'est terminée par une fracture de la jambe. Il
t'est arrivé aussi, et c'était une autre peur, de servir du café
aux soldats Allemands de passage.
Puis un beau jeune homme
aux yeux bleus, moins sage que toi, a su te séduire, on l'appelait
Pierrot Tapie. En 1947, vous vous êtes mariés le même jour que
ton oncle Georges avec Mado, tout Nousty était en fête ! Devenue
Suzanne Cazenave-Tapie, et après un voyage de noce parisien offert
par ton parrain Julien, tu as découvert très vite la rude vie d'une
femme de paysan à laquelle tu n'étais pas préparée physiquement.
Je me souviens des
printemps où tu pourgais les maïs avec papa, (cad arracher les
mauvaises herbes) courbés tous les deux sur les rangées sans fin.
Je me souviens de ces
étés chauds où fourche à la main tu fanais, apigatais (cad faire
des tas de foin) puis montais sur le char pour placer le foin, bien
sûr sans pantalon ni crème solaire, ce qui t'a valu plus tard un
cancer de peau.
Je me souviens du
ramassage des patates, travail ingrat de seaux à remplir, à porter
jusqu'au tombereau et ce pendant plusieurs jours.
Je me souviens des hivers
très froids où comme tous les jours, dés 6 heures du matin tu
trayais les vaches à la main puis plus tard avec les machines.
Je me souviens t'avoir vu
porter des seaux trop lourds pour toi pour nourrir les cochons ou
pour gaver oies et canards destinés aux confits traditionnels.
Je me souviens aussi des
heures harassantes que tu passais à faire la lessive à la main, de
ces brouettes pleines de draps à charrier jusqu'au lavoir du
village quand le petit lavoir de la maison ne retenait pas assez
d'eau. Il fallait te voir en haut d'une échelle racler la suie
incrustée sur les plafonds de la cuisine depuis des décennies puis
ensuite les vernir. La maison devait être impeccable du sol au
plafond.
Le soir après le repas,
toujours quelque chose entre les mains, trier les haricots
ou tricoter pour toute la
famille jacquards et torsades, une vraie passion jusqu'à ce que tes
doigts abimés par les rhumatismes refusent d'aller plus loin.
Formée à la cuisine par
mémé Victorine, tu es devenue une très bonne cuisinière : Ah tes
gâteaux basques, bûches, merveilles, beignets sans oublier choux
farcis, riz de veau, civet de fête. Tu as assuré les repas de la
famille jusqu'à plus de 80 ans puis tu as réussi à transmettre ton
savoir faire à ta belle fille Simone qui à son tour régale tout le
monde. C'est ainsi que les bonnes choses se perpétuent..
Quand Simone travaillait,
tu t'occupais de Karine et Laurent en prenant du temps pour eux pour
les choyer, ce que tu n'as pas pu toujours faire dans notre enfance,
absorbée par les travaux à la ferme jusqu'à la traite du soir.
Tu n'as pas connu le mot
vacances mais à la retraite, tu as eu enfin la joie de partir un
peu avec papa, motivés par les déplacements de Bernard, à Paris et
même au Maroc (en 97) où tu as été très heureuse. A ce momnet
là, tu m'a confiée que tu aurais aimé voyager un peu.
Après le départ de
Pierrot, tu as su te relever, continuer à t'occuper des fleurs, de
la volaille, du jardin, faire la cuisine pour de grandes tablées et
donner la main au "pourriquou" ici présent qui se
reconnaitra.
Dotée d'une énergie et
d'une volonté impressionnates, tu as survécu à un cancer, à une
tuberculose, à de multiples fractures invalidantes, à un AVC le
jour de tes 90 ans fêté au restaurant avec toute la famille. En
toutes circonstances tu as gardé ta dignité, un exemple pour nous
tous.
Quelle déchirure quand
tu as perdu ton autonomie ! Si tes genoux ne tenaient plus, ton
esprit toujours vif et ta langue bien pendue malgré les difficultés
d'élocution liées à l'AVC généraient des mots parfois cinglants
pour des mauvaises herbes dans les massifs, une viande trop cuite, un
vêtement mal coupé...et quand je t'en faisais la remarque, tu me
répondais "Je n'ai plus que ça à faire"
Ton grand plaisir, avoir
des bonnes nouvelles des plus jeunes et les réunir autour de toi
c'était encore mieux. Avoir vu une de mes petites-filles, née sans
oesophage, manger enfin à 5 ans 1/2, a été un bonheur immense pour
toi. Malheureusement, tes yeux bienveillants ne se poseront pas sur
ta 7ieme arrière petite fille mais nous lui parlerons longtemps de
mamichat surnom donné par les enfants car tu adorais les chats.
Clouée sur ton fauteuil
près de la cheminée, et ne pouvant plus lire depuis 4 ans "tu
attendais"; de plus en plus préoccupée par les uns et les
autres et aussi par les allées et venues de la fidèle chienne
Biscotte qui posait sa tête sur tes genoux fatigués. Heureusement,
France bleu Béarn diffusait souvent des chansons de Johnny dont tu
devais être la groupie la plus âgée ...et pourtant Tino Rossi
avait bercé ta jeunesse dans un autre style.
Tu as pu rester à la
maison malgré ton handicap grâce à l'engagement et au dévouement
sans faille d'Alain et de Simone que je ne remercierai jamais assez
pour tout ce qu'ils ont fait et supporté sans avoir la possibilité
de prendre des loisirs ensemble depuis de nombreuses années.
Les visites régulières
de Bernard et Marcel égayaient tes matinées et moi, exilée à
Toulouse, je venais dès que possible renforcer les troupes.
Un grand remerciement à
l'équipe médicale qui a réussi à adoucir ta souffrance de
personne dépendante et à te maintenir jusque là dans un climat
détendu :
- les infirmiers Roseline et Christophe
- les kinés Pierre et ses associés
- l'ortophoniste Anaïs
Merci aux aides à
domicile, Béatrice et Lucette qui prenaient le temps de discuter
avec toi et à Mme Labiste qui te coiffait chaque mois et te faisait
passer un bon moment.
Notre reconnaissance à
Dominique qui venait te porter la communion depuis que tu ne pouvais
plus aller à la messe.
Merci Suzanne de nous
avoir accompagnés aussi longtemps pour partager nos joies et pour
nous avoir soutenus dans nos difficultés en oubliant les tiennes.
Tu me disais souvent "Moi
raï", cad je passe après vous.
Au nom de toute la
famille, je tiens à remercier chaleureusement tous ceux et celles
qui sont là aujourd'hui pour lui rendre un dernier hommage.
Quel bel hommage. Et bien mérité. J'ai vu revivre avec une grande émotion Suzanne , tout ce que je savais d'elle, tout ce que je ne savais pas. J'ai aussi vu revivre une génération, celle de mon enfance, de ma jeunesse, de son mari Pierrot, de mes parents, du Nousty d'autrefois...
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