Care-t, clacassè ! çi disè lou labadé. Dèche canta lou Baniu.

Tais-toi, beau parleur ! disait le lavoir. Laisse chanter la rivière.



samedi 18 juin 2016

Nos deuils : Thérèse Carrérot-Chalmandrier, Henri Fréchou

Thérèse CARREROT-CHALMANDRIER

C'est un long sillage d'amour que Thérèse a tracé sur son chemin de vie. Il est brusquement monté vers le ciel. Alors, de tous les cœurs qui l'ont approché sont partis les traces de cette affection pour lui ouvrir un chemin de lumière qui jamais ne s'efface. Et les larmes que son départ va causer seront autant de perles d'amitié qui orneront son dernier voyage parmi nous.
Thérèse nous est venue du village voisin de Lucgarier.  Elle a fait sa place au milieu de nous par son sourire, sa gentillesse, et  sa présence amicale qu'elle prolongeait dans son engagement professionnel au service de ceux que la vie n'avait pas gâté. Sa présence avait cela de réconfortant qu'elle transmettait, avec sa discrétion habituelle, cette force qu'elle renfermait en elle et qui donnait à chacun de retrouver le goût de sourire.
Comme pour lui faire payer tout le bonheur qu'elle dispensait autour d'elle, la maladie lui a imposé des contraintes qui l'ont éloignée de nous, pour que nous ne l'oublions jamais. Ne  nous laissant que la tristesse des mots pour encore se souvenir d'elle..Mais ce que la maladie a tenté de rendre obscur, devient soudain lumineux à sa seule évocation. Parce qu'il est des cheminements qui ne sauraient s'arrêter avec le souffle de la vie : ils se prolongent à travers tous ceux qui ont accompagné ces moments intenses de joie et de lumière qui magnifient ainsi une existence.
Thérèse restera toujours la maman aimante et attentionnée pour sa famille, une accompagnante pour ceux qui souffrent, une présence pour tous les événements de la vie du village, une amie pour tous.
Ce prénom a un visage, ce visage a un sourire. Ce sourire parviendra-t'il à effacer nos larmes ?

J'ai eu l'occasion d'écrire un texte lors de la disparition d'une maman. Je le fais réapparaître pour le décès de Thérèse.
Je pense que peu de personnes l'ont lu ou en gardent le souvenir. 
Il me semble que c'est un bel hommage pour toutes les mamans qui sont parties, en particulier celles que la maladie a frappé (maman est aussi partie de bonne heure).

Le sourire d'une maman ne s'éteint jamais; Il dort tout doucement dans le cœur de ceux qui l'aiment. Comme une petite veilleuse, il éclaire un petit coin de bonheur toujours à vif. Et il brûle très fort dès que la douleur veut lui prendre sa place.
Dans l'espace détruit par la maladie, c'est l'affection de tous qui se précipite et qui trouve des forces et des raisons de sourire encore. Et quand la souffrance chasse du corps tout espoir de guérison, quand le mal qui ronge a fini sa course tragique, alors apparaît cette aura de sérénité comme une nébuleuse pour envelopper ceux qui pleurent et leur redire que la chemin terrestre n'est pas tout.
L'amour est ineffable quand le corps n'est plus son soutien : "L'âme aime toujours, car elle est divine."
Alors pour parler d'une mère si vite disparue, on trouve encore les mots du cœur, ceux qui annulent l'absence et n'en font qu'un éloignement passager.
Si ce visage reste dans notre mémoire, c'est parce que son sourire l'y a gravé à tout jamais comme un souvenir lancinant.


Henri FRECHOU.

L'atelier de menuiserie  d'Henri Fréchou sentait bon le bois. Son travail - son art, peut-on dire - consistait à donner à cette matière noble, la forme définitive qui habillerait de vie l'intérieur des maisons du village. On découvrait avec plaisir ce lieu si riche de création où Henri officiait au milieu de machines, un peu inquiétantes parce qu'elle taillaient et coupaient. Il savait voir à travers la matière brute la forme et le place qu'allait occuper la création que ses mains allaient façonner. Henri avait en lui cette recherche de la précision sans laquelle il n'y a pas d'âme dans le geste et il n'y a pas de beauté dans l'oeuvre finale. En avait-il conscience, ou tout simplement accomplissait-il le travail que lui avait appris son père - Yan de Fréchou, le charron du village. Lui que tous appelaient familièrement Ricou, perpétuait ainsi une grande tradition familiale, ajoutant un esprit et un sourire permanent en accueillant les amis dans son atelier. C'est certainement l'exigence de son métier qui lui donnait cette vivacité de vue et d'analyse de la vie du village où sa personnalité discrète avait trouvé sa place.
Il fut un temps où, de son atelier, venaient les cercueils dans lesquels reposèrent beaucoup de nos concitoyens lors de leur dernier voyage.
Que son dernier sommeil soit aussi doux que celui qu'il a procuré à tous ceux qui l'ont précédé.










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