Care-t, clacassè ! çi disè lou labadé. Dèche canta lou Baniu.

Tais-toi, beau parleur ! disait le lavoir. Laisse chanter la rivière.



vendredi 1 mai 2020

8 mai sous confinement : la cérémonie.

8 mai sous confinement.

La cérémonie.


Lorsque les participants ont chanté La Marseillaise, on pouvait voir dans cette célébration une analogie - bien relative, certes -  entre ce que nous vivons actuellement et cette victoire passée qui a coûté tant de sang et de larmes. Nous qui sommes encore dans cette "résilience" pour laquelle nous formons tant d'espoirs.
C'est ainsi que l'a présenté Gérard Caubet, président de l'Amicale des Anciens Combattants en retraçant les grandes lignes, puis l'appel aux trois morts de ce conflit : Jean Lafuste, Joseph Peboscq-Per, Jean-Romain Lanette-Vergez. Claude Borde-Baylacq a déposé la gerbe au pied du Monument, avant de donner lecture du message du président de la République, Emmanuel Macron. Et au travers des personnes présentes, adresser un message de bonne volonté à tous les habitants du village. 
Merci à tous les participants, au porte-drapeau, Marcel Cassou(et Jean-Claude Hortoulou), les membres du Conseil Municipal et ceux présents de l'Amicale.
Gérard Caubet a terminé par cette citation de George SAND : "L'oubli est le vrai linceul des morts".


(La qualité de cette vidéo a été perturbée par le bruit du vent. Dans un premier temps, c'est la Marseillaise. Ensuite c'est l'intervention de Claude Borde-Baylacq, mais on n'entend pas grand chose. Désolé!)



La commémoration du 8 mai se déroulera cette année en présence d'un minimum de participants, du fait du confinement.
Cela n'enlèvera rien à cette manifestation de la reconnaissance à laquelle est attachée la majeure partie de notre communauté. Les personnes présentes seront représentatives de cet hommage, dans cette volonté de préserver un devoir de mémoire qui s'est toujours traduit par la présence fournie de participants et des enfants de l'école.

Il m'a été demandé de mettre sur ce blog les documents qui m'avaient été confiés par les personnes de Nousty ayant pris part aux combats du Corps Franc Pommiès. Une rue de notre village en porte le nom. Beaucoup de gens la parcourent sans en connaître la vraie histoire.
Peut-être une bonne occasion de leur raconter.

Témoignage de Jean SARTHOU
CFP 1/4

Témoignage d'André CAZENAVE-TAPIE
CFP 2/4

Témoignage de Rémi KIEBEL
CFP 3/4

Témoignage de François BARTHE
CFP 4/4

Les Cahiers du Patrimoine en Ribère-Ousse ont publié dans l'édition 2018, sous la signature de son président : Noël Paradis-Cami, le récit complet de l'embuscade dite "du Bistor". Nous vous la reproduisons.


L’Embuscade du Bistor :

      Comme nous l’avons vu plus haut, ce jour-là, le jeudi 8 juin 1944 jour de la fête Dieu, au petit matin, avant 6 heures, sur la nationale 117, à la sortie de Soumoulou, direction de Tarbes (4), juste avant la maison Barrau, un groupe de résistants noustysiens (5), commandé par l’adjudant Clavier, tend un câble en travers de la route (6), ce câble provient de l’entreprise l’Ocel de Nousty (mine de lignite) où des jeunes du maquis travaillent. Ils se mettent en embuscade sur le côté de la route (7), leur armement n’est pas important, six ou sept mitraillettes Sten ainsi qu’un fusil mitrailleur. Trois jeunes résistants étaient restés dans un bosquet pour surveiller les affaires de ceux qui étaient en embuscade. La hantise de ces résistants, était les mitrailleuses qui se cachaient à l’arrière des camions, sous la bâche de ces derniers. A noter que le convoi, n’était pas composé de plus de 5 camions (8) et que André Cazenave Tapie, était parti à la rencontre d’un militaire de Luquet, cousin éloigné, qui travaillait à Tarbes avec lui, avec lequel il avait rendez-vous. Il voulait assister à l’embuscade, à peine arrivé à la hauteur de l’actuel relais de Tuhette et après avoir salué son cousin, vers 6 heures, ils entendent une fusillade, ils décident de se séparer, André redescend vers le bas de la côte rejoindre ses camarades en se fondant dans la nature. Tout à coup dans un champ de fougères, il se trouve nez à nez avec un Allemand qui le met en joue, aussitôt il plonge dans un fossé esquivant ainsi le coup de feu, au même moment le crépitement d’une mitrailleuse retentit, et les fougères tout autour d’André sont hachées et volent en éclats, toujours protégé par le fossé, il sort des fougères en rampant aussi vite qu’il le peut. Il rejoint ses trois camarades en faction et aussitôt, s’éloignent vers le haut et vont rejoindre à vélo le reste de la section au PC d’Espéchède. Ils apprennent là que l’accrochage avait été de courte durée et qu’ils avaient peu tiré sur les forces ennemies, d’ailleurs ce qui restait de munition dans le chargeur du FM en témoignait.
      Pendant ce temps, la réaction des troupes d’occupation (9), ne se fait pas attendre, les soldats Allemands qui ont 3 ou 4 blessés légers (un officier et 2 ou 3 soldats) (10), fouillent le secteur et arrêtent les habitants du proche voisinage. Sont ainsi arrêtés, le gendarme Pierre Levrey, la famille Barrau, Justin et Joseph Abbadie-Sarthou. Les Allemands à ce moment-là sont assez excités, ils fouillent, pillent, incendient et tirent des coups de feu en l’air, la maison de la famille Barrau est la proie des flammes et part ainsi en fumée. Un officier ayant reconnu la qualité du gendarme Pierre Levrey, le libère et le laisse repartir. Ce dernier après avoir revêtu sa tenue, part immédiatement à la caserne de gendarmerie de Soumoulou pour prévenir ses collègues. Dès qu’ils sont avertis, l’adjudant Carrère, les gendarmes Pierre Pucheu et Pierre Levrey, se rendent sur les lieux où ils découvrent la maison Barrau en feu. Les dits Abbadie-Sarthou qui clamaient leur innocence, avaient été conduits à l’officier Allemand, l’adjudant de gendarmerie Carrère ayant certifié leur bonne foi, ils furent immédiatement relâchés.
       D’autres soldats allemands continuent la traque dans les alentours, 3 pénètrent alors dans la maison Grangé de Limendous, la maison Grangé se trouve située sur le territoire de Limendous et à environ 500 mètres à l’est de la RN 117 en haut de la côte et en plein bois, isolée de toutes habitations de 300 mètres environ. Alors que Pierre Paul Grangé le chef de famille, blessé de 14/18 est en train d’allumer le feu dans la cheminée, il est abattu d’une rafale de mitraillette à bout portant, avant qu’il n’ait pu esquisser un geste. Le fils cadet, Joseph, âgé de 19 ans, se trouvait à l’étage, entendant la fusillade, essaya de s’échapper en sautant par la fenêtre, lui aussi fut abattu d’une rafale de mitraillette. Les 3 soldats Allemands, clamèrent qu’ils venaient d’abattre deux terroristes. Informés, les gendarmes se sont rendus au domicile des Grangé et ont constaté que dans la cuisine de la maison gisait le corps du chef de famille ; dans un fossé bordant la maison, ils ont découvert le corps du fils tué également par une rafale de mitraillette. Aucun autre corps n’ayant été découvert, il était à croire que les terroristes tués par les Allemands étaient ces deux cultivateurs. À l’intérieur de la maison ils avaient constaté qu’un désordre général régnait et que tous les meubles avaient été fouillés.
      Les gendarmes Pucheu et Levrey étaient restés sur les lieux, le commandant de brigade a aussitôt informé notre commandant de section de ces nouveaux faits et demandé la conduite à tenir vis-à-vis des victimes.
       Un détachement allemand s’est de nouveau rendu sur les lieux dans la soirée et a effectué de nouvelles recherches. Le nommé Mariette Jean âgé de 33 ans, charron à Espoey a été arrêté par les Allemands, pour être interrogé à Pau ainsi que Véron-Durand Jean âgé de 32 ans manœuvre à Pontacq. D’autres personnes qui se trouvaient dans l’autobus Tarbes-Pau auraient également été arrêtées ; leurs noms et adresses sont inconnus.

      Il a été dit et écrit beaucoup de contrevérités sur cette affaire, et notamment que deux officiers Allemands avaient été tués, hormis le père et le fils Grangé, il n’y eut pas d’autres victimes.
      Un officier eut une éraflure à la jambe, il fut soigné par le docteur Blanc à Soumoulou. Le docteur Blanc qui parlait l’allemand, a raconté que l’officier lui avait dit que s’il avait été tué, ils auraient fusillé trois otages dans chacune des trois proches communes du lieu de l’embuscade (Espoey, Limendous et Soumoulou).


Cette embuscade associée au meurtre de deux victimes civiles innocentes, a fait couler beaucoup de salive et d’encre dans notre vallée, son récit étayé par de nouveaux éléments a pu voir le jour grâce aux témoignages de trois acteurs incontournables de cette période : Jean Sarthou (+), François Barthes (+) et André Cazenave-Tapie. Merci à Pierre Lagarrue qui avait recueilli leurs témoignages en son temps. Ils sont avantageusement complétés et confortés par le compte rendu de la Brigade de Gendarmerie de Soumoulou, recueilli en 2014 auprès de Pierre Labérou de Limendous (+), et d’autre part, par un complément du témoignage d’André Cazenave-Tapie aujourd’hui âgé de 95 ans que j’ai pu recueillir en janvier 2016.
 
 

 Noël Paradis-Cami

Notes :

1)    Jean Sarthou, était à l’origine, avec André Cazenave-Tapie, au travers de l’organisation de l’association "Nousty-Sport", de la création de ce groupe de jeunes Résistants. Il fut maire de Nousty de 1971 à 1984.
2)    La grange du Bourrouillat, était située en limite de Nousty et de Gomer, elle appartenait à M. Lagarrue, c’était l’endroit idéal éloigné de toute habitations qu’avait trouvé les jeunes résistants noustysiens pour se réunir et y entreposer leur matériel.
3)    Le fort du Pourtalet, sera libéré le 24 août 1944 par les Résistants aspois avec à leur tête l’instituteur Jean Dutech, et les Guerilleros espagnols.
4)    Les 3 communes limitrophes les plus proches du lieu de l’embuscade, étaient les communes d’Espoey, de Limendous et de Soumoulou).
5)    Par la suite ce groupe prendra le nom de compagnie "Renard".
6)    Le câble d’un cm de diamètre, avait été fixé à un premier arbre côté droit de la route dans le sens Soumoulou/Tarbes, puis passé en tour mort à un autre arbre de l’autre côté de la route (côté gauche), et enfin fixé sur l’arbre suivant, toujours côté droit, il formait ainsi un V.
7)    A cette époque, la N° 117, comme beaucoup de routes de l’époque, était bordée de platanes.
8)    Dans CR de la brigade de gendarmerie de Soumoulou.
9)    Nous ne savons pas à quelle unité appartenait se détachement de militaires Allemands, le CR de gendarmerie n’en fait pas état, le seul indice qui permettrait peut-être de les identifier, se trouve à la page 231 de l’ouvrage de Louis Poullenot, "Basses-Pyrénées Occupation Libération 1940–1945" il les identifie comme des véhicules appartenant à l’Aviation L 52 511 venant de Pau.
10)   Dans CR de la brigade de gendarmerie de Soumoulou.




Section RENARD (1944 - 2ème section)
Nom
Prénom
Localité
Nom
Prénom
Grade
Localité
1
LACROUTS


13
SOUMIERE-LARTIGUE


Gelos
2
KIEBEL
Adolphe
Nousty
14
HERRERE


Gelos
3
PEBOSCQ
Pierre
Nousty
15




4
SARTHOU
Jean
Nousty
16
BEKER
Jean

Nousty
5
LAULERAY


17
BREAND

Adjudant

6
BOUILLE
Marc
Nousty
18
TOURON

Lieutenant

7
CAZENAVE-TAPIE
André
Nousty
19
POLO (polonais?)



8
LAVIGNE


20
GALTIER d'AURILLAC



9
WELISEKER
Emile ?         Lucien ?
Andoins
21




10
LAULERET

Gelos
22
DEOGRATIAS


Gelos
11
BAUNABEL

Gelos
23




12
KIEBEL
Rémy
Nousty



























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