Care-t, clacassè ! çi disè lou labadé. Dèche canta lou Baniu.

Tais-toi, beau parleur ! disait le lavoir. Laisse chanter la rivière.



dimanche 30 septembre 2018

Chronique nécrologique : Suzanne Cazenave-Tapie.

(Seules les chroniques nécrologiques auront désormais leur place dans ce blog)

Suzanne Cazenave-Tapie.


Suzanne fait partie de ces mamans qui ont vu trois générations leur succéder. A l'heure où la sérénité est devenue sa compagne de vie, elle a vu chaque fois son parcours terrestre se dérouler au travers des pas hésitants, puis plus assurés, de ceux qui marchent à sa suite. Qu'elle a accompagnés en leur donnant la main , après les avoir serrés sur son cœur, avec ce regard attentif de tous les instants.
On ne dira jamais assez combien fut méritante la vie de ces épouses d'agriculteurs et Suzanne y a pris sa place avec courage et persévérance dans la conduite des durs travaux des champs, de la conduite d'une ferme et de l'éducation des enfants. Pourtant rien ne l'y prédisposait. Dans la vie du village, elle occupa une place particulière par le rôle qu'elle a su jouer dans un contexte économique et social bien troublé, quand il fallut suppléer aux absences familiales pour assurer la continuité économique de la communauté noustysienne. Pour l'anecdote, elle restera aussi la première victime des sports d'hiver locaux dans la petite station naturelle voisine.
Chaque fois que la maladie voulait lui faire payer les efforts passés, son courage lui répondait toujours avec sa vivacité d'esprit répétant que sa personne devait passer après les autres.
A travers les hommages qui lui ont été rendus, c'est une vie de labeur qui a été ainsi magnifiée et honorée à sa vraie mesure. La valeur que, elle, Suzanne, avait su lui donner. 

Texte lu par Monique lors des obsèques.


Hommage maman 29 septembre 2018

Suzanne Cassou-Noguès, épouse Cazenave-Tapie, maman, mamie, mamipatou, mamichat, marraine, tu ne répondras plus et ton fauteuil restera vide après 94 ans d'une vie bien remplie.
Née à la maison Lafuste, de Pierre Cassou-Noguès et Georgette Lafuste, tu as eu 2 frères, Fernand parti à 4 mois et Marcel ici présent. Le certificat d'études obtenu, tu aidais au café-épicerie et quand pendant la guerre ton oncle Georges partit en captivité en Allemagne, tu distribuais le courrier à sa place avec ton grand-père. On pouvait te voir, comme Paulette que chantait Montand sur les chemins à bicyclette, cheveux roux au vent et jupe légère.

Puis un beau jeune homme aux yeux bleus, moins sage que toi, a su te séduire, on l'appelait Pierrot Tapie. En 47, vous vous êtes mariés le même jour que ton oncle Georges avec Mado, tout Nousty était en fête ! Devenue Suzanne Cazenave-Tapie, et après un voyage de noce parisien offert par ton parrain Julien, tu as découvert très vite la rude vie d'une femme de paysan à laquelle tu n'étais pas préparée physiquement.

Je me souviens des printemps où tu pourgais les maïs avec papa, (cad arracher les mauvaises herbes) courbés tous les deux sur les rangées sans fin.

Je me souviens de ces étés chauds où fourche à la main tu fanais, apigatais (cad faire des tas de foin) puis montais sur le char pour placer le foin, bien sûr sans pantalon ni crème solaire, ce qui t'a valu plus tard un cancer de peau.

Je me souviens du ramassage des patates, travail ingrat de seaux à remplir, à porter jusqu'au tombereau et ce pendant plusieurs jours.

Je me souviens des hivers très froids où comme tous les jours, dés 6 heures du matin tu trayais les vaches à la main puis plus tard avec les machines.

Je me souviens t'avoir vu porter des seaux trop lourds pour toi pour nourrir les cochons ou pour gaver oies et canards destinés aux confits.

Je me souviens aussi des heures harassantes passées à faire la lessive à la main, de ces brouettes pleines de draps à charrier jusqu'au lavoir du village quand celui de la maison ne retenait pas assez d'eau. Il fallait te voir en haut d'une échelle racler la suie incrustée sur les plafonds depuis des décennies. La maison devait être impeccable !

Le soir après le repas, toujours quelque chose à faire, trier les haricots ou tricoter jacquards et torsades, jusqu'à ce que tes doigts abimés par les rhumatismes refusent d'aller plus loin.


Tu n'as pas connu le mot vacances mais à la retraite, tu as eu enfin la joie de partir un peu avec papa, motivés par les déplacements de Bernard, à Paris et même au Maroc (en 97)

Après le départ de papa en 2002, tu as su te relever, continuer à t'occuper des fleurs, de la volaille, du jardin, de la cuisine.
Dotée d'une énergie et d'une volonté impressionnantes, tu as survécu à un cancer, à une tuberculose, à de multiples fractures invalidantes, à un AVC le jour de tes 90 ans fêté au restaurant avec toute la famille. En toutes circonstances tu as gardé ta dignité, un exemple pour nous tous.


Ton esprit toujours vif et ta langue bien pendue malgré les difficultés d'élocution liées à l'AVC généraient des mots parfois cinglants pour des mauvaises herbes dans les massifs, une viande trop cuite, un vêtement mal coupé...et quand je t'en faisais la remarque, tu me répondais "Je n'ai plus que ça à faire".

Clouée sur ton fauteuil près de la cheminée, et ne pouvant plus lire depuis 4 ans "tu attendais"; de plus en plus préoccupée par les uns et les autres. Heureusement, France bleue Béarn diffusait souvent des chansons de Johnny dont tu devais être la groupie la plus âgée ...

Tu as pu rester à la maison malgré ton handicap grâce à l'engagement et au dévouement sans faille d'Alain et de Simone que je ne remercierai jamais assez pour tout ce qu'ils ont fait et supporté sans avoir la possibilité de prendre des loisirs ensemble et ce depuis de nombreuses années.
Les visites régulières de Bernard et Marcel égayaient tes matinées et moi, exilée à Toulouse, je venais dès que possible renforcer les troupes.

Un grand remerciement à l'équipe médicale qui a réussi à adoucir ta souffrance de personne dépendante dans un climat détendu :
  • Roseline et Christophe, infirmiers
  • Pierre et ses associés, kinés
  • Anaïs, orthophoniste
Merci aux aides à domicile, Béatrice et Lucette qui prenaient le temps de discuter avec toi et à Mme Labiste qui te coiffait chaque mois et te faisait passer un bon moment.

Notre reconnaissance à Dominique qui venait te porter la communion depuis que tu ne pouvais
plus aller à la messe.

Merci Suzanne de nous avoir accompagnés aussi longtemps pour partager nos joies et pour nous avoir soutenus dans nos difficultés en oubliant les tiennes.
Tu me disais souvent "Moi raï", cad je passe après vous.

Au nom de toute la famille, je tiens à remercier chaleureusement tous ceux et celles qui sont là aujourd'hui pour lui rendre un dernier hommage.

Décès 26 septembre 2018 Hôpital de Pau
Service neurologie AVC massif


Texte initial rédigé par Monique.




Hommage maman 29 septembre 2018

Suzanne Cassou-Noguès, épouse Cazenave-Tapie, maman, mamie, mamichat, marraine, tu ne répondras plus à tous ces noms et ton fauteuil restera vide après 94 ans d'une vie bien remplie.
Tu es partie discrètement mercredi 26 septembre.

Enfant de l'amour de Pierre Cassou-Noguès 22 ans et Georgette Lafuste 18 ans, tu as eu 2 frères, Fernand parti à 4 mois et Marcel ici présent.
Née à la maison Lafuste, café-épicerie, tu as fréquenté l'école communale avec tes voisins, Ricou Fréchou, Madeleine Castagnet, Marie Laban. Le certificat d'études obtenu, tu aidais à l'épicerie et quand pendant la guerre ton oncle Georges partit en captivité en Allemagne, tu distribuais le courrier à sa place avec ton grand-père. On pouvait te voir, comme Paulette que chantait Montand sur les chemins à bicyclette, cheveux roux au vent et jupe légère jusqu'à cette mauvaise chute en luge sur les pentes enneigées d'un champ Lagarrue qui s'est terminée par une fracture de la jambe. Il t'est arrivé aussi, et c'était une autre peur, de servir du café aux soldats Allemands de passage.

Puis un beau jeune homme aux yeux bleus, moins sage que toi, a su te séduire, on l'appelait Pierrot Tapie. En 1947, vous vous êtes mariés le même jour que ton oncle Georges avec Mado, tout Nousty était en fête ! Devenue Suzanne Cazenave-Tapie, et après un voyage de noce parisien offert par ton parrain Julien, tu as découvert très vite la rude vie d'une femme de paysan à laquelle tu n'étais pas préparée physiquement.

Je me souviens des printemps où tu pourgais les maïs avec papa, (cad arracher les mauvaises herbes) courbés tous les deux sur les rangées sans fin.

Je me souviens de ces étés chauds où fourche à la main tu fanais, apigatais (cad faire des tas de foin) puis montais sur le char pour placer le foin, bien sûr sans pantalon ni crème solaire, ce qui t'a valu plus tard un cancer de peau.

Je me souviens du ramassage des patates, travail ingrat de seaux à remplir, à porter jusqu'au tombereau et ce pendant plusieurs jours.

Je me souviens des hivers très froids où comme tous les jours, dés 6 heures du matin tu trayais les vaches à la main puis plus tard avec les machines.

Je me souviens t'avoir vu porter des seaux trop lourds pour toi pour nourrir les cochons ou pour gaver oies et canards destinés aux confits traditionnels.

Je me souviens aussi des heures harassantes que tu passais à faire la lessive à la main, de ces brouettes pleines de draps à charrier jusqu'au lavoir du village quand le petit lavoir de la maison ne retenait pas assez d'eau. Il fallait te voir en haut d'une échelle racler la suie incrustée sur les plafonds de la cuisine depuis des décennies puis ensuite les vernir. La maison devait être impeccable du sol au plafond.

Le soir après le repas, toujours quelque chose entre les mains, trier les haricots
ou tricoter pour toute la famille jacquards et torsades, une vraie passion jusqu'à ce que tes doigts abimés par les rhumatismes refusent d'aller plus loin.

Formée à la cuisine par mémé Victorine, tu es devenue une très bonne cuisinière : Ah tes gâteaux basques, bûches, merveilles, beignets sans oublier choux farcis, riz de veau, civet de fête. Tu as assuré les repas de la famille jusqu'à plus de 80 ans puis tu as réussi à transmettre ton savoir faire à ta belle fille Simone qui à son tour régale tout le monde. C'est ainsi que les bonnes choses se perpétuent..

Quand Simone travaillait, tu t'occupais de Karine et Laurent en prenant du temps pour eux pour les choyer, ce que tu n'as pas pu toujours faire dans notre enfance, absorbée par les travaux à la ferme jusqu'à la traite du soir.

Tu n'as pas connu le mot vacances mais à la retraite, tu as eu enfin la joie de partir un peu avec papa, motivés par les déplacements de Bernard, à Paris et même au Maroc (en 97) où tu as été très heureuse. A ce momnet là, tu m'a confiée que tu aurais aimé voyager un peu.

Après le départ de Pierrot, tu as su te relever, continuer à t'occuper des fleurs, de la volaille, du jardin, faire la cuisine pour de grandes tablées et donner la main au "pourriquou" ici présent qui se reconnaitra.
Dotée d'une énergie et d'une volonté impressionnates, tu as survécu à un cancer, à une tuberculose, à de multiples fractures invalidantes, à un AVC le jour de tes 90 ans fêté au restaurant avec toute la famille. En toutes circonstances tu as gardé ta dignité, un exemple pour nous tous.

Quelle déchirure quand tu as perdu ton autonomie ! Si tes genoux ne tenaient plus, ton esprit toujours vif et ta langue bien pendue malgré les difficultés d'élocution liées à l'AVC généraient des mots parfois cinglants pour des mauvaises herbes dans les massifs, une viande trop cuite, un vêtement mal coupé...et quand je t'en faisais la remarque, tu me répondais "Je n'ai plus que ça à faire"
Ton grand plaisir, avoir des bonnes nouvelles des plus jeunes et les réunir autour de toi c'était encore mieux. Avoir vu une de mes petites-filles, née sans oesophage, manger enfin à 5 ans 1/2, a été un bonheur immense pour toi. Malheureusement, tes yeux bienveillants ne se poseront pas sur ta 7ieme arrière petite fille mais nous lui parlerons longtemps de mamichat surnom donné par les enfants car tu adorais les chats.
Clouée sur ton fauteuil près de la cheminée, et ne pouvant plus lire depuis 4 ans "tu attendais"; de plus en plus préoccupée par les uns et les autres et aussi par les allées et venues de la fidèle chienne Biscotte qui posait sa tête sur tes genoux fatigués. Heureusement, France bleu Béarn diffusait souvent des chansons de Johnny dont tu devais être la groupie la plus âgée ...et pourtant Tino Rossi avait bercé ta jeunesse dans un autre style.

Tu as pu rester à la maison malgré ton handicap grâce à l'engagement et au dévouement sans faille d'Alain et de Simone que je ne remercierai jamais assez pour tout ce qu'ils ont fait et supporté sans avoir la possibilité de prendre des loisirs ensemble depuis de nombreuses années.
Les visites régulières de Bernard et Marcel égayaient tes matinées et moi, exilée à Toulouse, je venais dès que possible renforcer les troupes.

Un grand remerciement à l'équipe médicale qui a réussi à adoucir ta souffrance de personne dépendante et à te maintenir jusque là dans un climat détendu :
  • les infirmiers Roseline et Christophe
  • les kinés Pierre et ses associés
  • l'ortophoniste Anaïs
Merci aux aides à domicile, Béatrice et Lucette qui prenaient le temps de discuter avec toi et à Mme Labiste qui te coiffait chaque mois et te faisait passer un bon moment.
Notre reconnaissance à Dominique qui venait te porter la communion depuis que tu ne pouvais
plus aller à la messe.
Merci Suzanne de nous avoir accompagnés aussi longtemps pour partager nos joies et pour nous avoir soutenus dans nos difficultés en oubliant les tiennes.
Tu me disais souvent "Moi raï", cad je passe après vous.

Au nom de toute la famille, je tiens à remercier chaleureusement tous ceux et celles qui sont là aujourd'hui pour lui rendre un dernier hommage.



1 commentaire:

  1. Quel bel hommage. Et bien mérité. J'ai vu revivre avec une grande émotion Suzanne , tout ce que je savais d'elle, tout ce que je ne savais pas. J'ai aussi vu revivre une génération, celle de mon enfance, de ma jeunesse, de son mari Pierrot, de mes parents, du Nousty d'autrefois...

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